Le numérique, facteur de développement et de croissance africaine


Les états africains ne peuvent plus se tenir à l’écart des technologies de l’information et de la communication et du mouvement numérique en marche. De multiples questions persistent encore autour des difficultés de développement de l’Afrique, mais le retour en arrière semble impossible. A l’occasion de cette conférence sur « le numérique, facteur de développement et de croissance africaine », Africa Business Solutions a donné la parole aux acteurs de ce changement.

img_5556Un continent en retard

 Ce retard numérique peut s’expliquer par différents facteurs tels que des infrastructures peu développées ou mal entretenues, des méthodes de paiement électronique encore trop incertaines, des textes légaux difficilement unifiables ainsi qu’une culture projet peu ancrée dans la société.

« Ce que je vois de l’Afrique aujourd’hui est qu’elle est au stade de la non numérisation de la Chine il y a 15 ans, où on se servait d’elle pour de la manutention peu couteuse » déplore Nicolas Le Ny, président de l’APEX, avant d’ajouter que par la suite « les Chinois ont accéléré d’un seul coup en transformant la Chine en seulement 15 ans à l’égal de ce que la France a mis 150 ans à faire ». La Chine a dépassé les autres pays en étant notamment le premier pays à utiliser couramment le paiement par téléphone. Le chemin tracé pour l’Afrique semble identique : elle va à son tour franchir une nouvelle étape grâce aux nombreux projets et nombreuses ambitions dont elle s’est dotée.

Malgré tout, Nicolas Le Ny met en garde sur la différence culturelle puisqu’elle peut constituer un frein à l’évolution du numérique car « la technologie, c’est bien mais il faut la distiller. On peut mettre la meilleure technologie, si on ne transmet pas les capacités associées, cette technologie va vite mourir et ne plus servir à rien ».

Comme l’explique Désire Makan II, Directeur Général d’Africa Business Solutions et représentant de l’OSCI, « la technologie doit servir à aider à transformer les vies en rendant meilleures et pour cela il faut un transfert de compétences pour autonomiser les populations ». En effet, le problème de l’automatisation et de la numérisation est évoqué par Nicolas Le Ny qui précise que ce phénomène « engendre très peu de salariés. Il faut donc adapter la technologie à la main d’œuvre ; là ou en France on automatise tout, en Afrique il y a beaucoup de dem ande de main d’œuvre ». Avant tout pour l’Afrique, le numérique s’assimile à améliorer des vies et il est donc nécessaire d’adapter les politiques à cet enjeu.

Un marché prometteur

En 2005, la pénétration d’internet en Europe était environ 20 fois supérieure à celle de l’Afrique ; en 2014, elle n’est plus que 4 fois supérieure. Une croissance de 23% à partir de 2015, est observée pour les appareils mobiles connectés, et on attend près de 40% à partir de 2017.

Pour le moment en Afrique, moins de 1% des individus réalisent des achats en ligne. Cependant, grâce à l’émergence exponentielle du numérique, ce pourcentage va croitre jusqu’à 10% vers 2025.

L'Afrique numérique est en marche 

La conférence a débuté par l’intervention d’Amétépé Adjavoin, responsable du pôle ENGAGEO Africa, concernant la transformation numérique et la dynamisation de la croissance en Afrique : « Le numérique est une opportunité pour le continent » c’est par ces mots, qui en disent long sur la place du secteur numérique sur continent africain, que le débat a été lancé. En effet, alors que le téléphone filaire a toujours été très coûteux pour l’Afrique, l’explosion de la téléphonie mobile à la fin des années 90 a permis à l’Afrique de rattraper son retard.

Même si le continent est encore en retard dans beaucoup d’autres secteurs hors numérique, ce dernier va permettre de rattraper ce retard accumulé par l’Afrique. De multiples projets sont déjà en cours de réflexion comme par exemple l’e-banque qui permettrait de régler le problème du manque d’agences bancaires, « alors qu’il existe en moyenne une agence pour 1000 personnes en France, il y en aurait une pour 100 000 personnes en Afrique » remarque Amétépé Adjavoin.

Qui plus est, la Côte d’Ivoire travaille sur le développement d’un système d’achat en ligne, de cours en ligne ou encore de transactions bancaires. Le Burkina Faso quant à lui planche sur la gestion de données qui faciliterait l’accélération de l’avenir numérique du pays. Le Nigéria se penche sur les systèmes d’informations et les plateformes d’e-commerce. Enfin, le Sénégal développe la mise en place d’un parc technologique afin de booster la création de start-up.

Le développement de drones permettant la livraison de médicaments ou de sang constitue également un exemple explicite de l’avancée technologique dont fait preuve le continent africain. Effectivement, ces drones ont été déployés pour offrir une meilleure sécurité et une meilleure santé aux populations. Grâce au numérique, « des vies peuvent être sauvées, car en Afrique il y a souvent des conditions météorologiques qui rendent les routes inaccessibles ; grâce à cette invention le problème est résolu et révolu » dans certaines régions du continent, démontre Nicolas Le Ny.

Ces quelques exemples, parmi des centaines, illustrent le dynamisme de ces pays.

Le numérique est un domaine d’avenir

La productivité, la croissance comme le développement sont les éléments indispensables à l’aboutissement de tous ces projets. Ces piliers forment un cercle qui pourrait devenir vertueux mais qui reste pour l’instant un peu en berne pour l’Afrique.

Robert Blaise Se-Ondoua, EMBA Innovation Digitale, tient tout de même à préciser que « les africains se sont très sérieusement emparés de cette vague de technologie et sont très actifs sur le développement des projets numériques ».

La technologie arrive à s’immiscer partout. Pour Robert Blaise Se-Ondoua « elle est la solution à tout car elle permet d’atteindre les objectifs de productivité, de croissance et de développement ». Désire Makan II surenchérit en mentionnant que « le problème de l’Afrique est un problème financier. C’est un continent jeune qui a beaucoup d’idées mais qui n’a pas les ressources nécessaires pour développer ses ambitions ».

L’Afrique, c’est l’espoir

« Il y a une réelle opportunité à créer de  la valeur » affirme Robert Blaise Se-Ondoua. Et ce n’est pas Renaud Laurent, fondateur et directeur général de Mixxit, qui dira le contraire. C’est au cœur de la Tunisie qu’il a développé une application mobile permettant en gr ande partie de téléphoner gratuitement dans toute l’Afrique. Cette innovation améliore le quotidien des personnes qui sont en permanence en déplacement et gère leur flux d’appels en permettant de filtrer les appels en fonction des priorités grâce à la création d’un numéro unique rassemblant tous les moyens de communication de l’utilisateur.

Désire Makan II a conclu sur une vision optimiste et enthousiaste de l’Afrique numérique : « c’est la Chine de demain, il y a tout à faire dans ce continent. Pour faire face à ses problèmes, l’Afrique doit utiliser le numérique car il peut contribuer à améliorer son avenir et le rendre meilleur et prometteur ».