La digitalisation de la formation, quels enjeux pour la performance du territoire ?


Une cinquantaine de personnes a assisté vendredi 4 novembre à une présentation et des ateliers organisés par Skillendo dans le cadre de la Semaine économique de la Méditerranée. La startup marseillaise spécialisée dans le développement d’outils de formation a invité plusieurs intervenants à évoquer les enjeux d’une digitalisation de la formation. 

Des tablettes de cire aux tablettes connectées 

Olivier Crouzet, Directeur Pédagogique de l'École 42, l’école parisienne de formation au numérique créée par Xavier Niel, a introduit cette présentation par une remarque amusante : « Aujourd’hui le savoir passe par des tablettes connectées, mais il y a 26 siècles à Massalia et ailleurs, les connaissances passaient déjà par des tablettes... de cire. La pédagogie, elle, n’a cessé d’évoluer ».

Monsieur Crouzet a rappelé les attentes des nouveaux apprenants appelés les digital natives. Ces jeunes ultra connectés dem andent à la fois une individualisation de la formation et une expérience collaborative. Comment allier les deux ? Au début de l’ère digitale, le e-learning se contentait de transcrire les savoirs sur des supports numériques. Désormais, ce sont tous les aspects de la formation qui doivent être repensés, digitalisés, adaptés aux nouvelles attentes.

L’aspect ludique de la technologie s’est d’ailleurs retrouvé dans les mini ateliers de découverte suivants la présentation puisque des outils immersifs et serious games étaient au rendez-vous présentés par Speedernet, Skillendo et la Serious Factory.

Peer-learning, peer-correcting : coopérer pour mieux se former 

Pour innover, la formation doit avant tout revoir sa pédagogie. Comme le Directeur de l'École 42 le propose, les “classes inversées” permettent d’apprendre en réalisant des projets et en laissant son voisin corriger. L'école se donne pour objectifs de favoriser le socio-constructivisme via le peer learning, le peer correcting et la gamification de l’apprentissage.

En bref, les nouveaux apprenants dem andent de la collaboration, du partage : une formation immersive et ludique. Pour Olivier Crouzet, « la direction qu’il faut poursuivre, c’est utiliser la technologie pour recréer du lien ». Zakaria Fahim, Président de BDO Maroc et de Hub Africa a fait le même constat et croit en l’apprentissage par le concret et le collaboratif.

Au niveau des entreprises aussi, le système collaboratif est positif. Comme l’a rappelé Olivier Crouzet, Airbnb est l’hôtelier le plus valorisé du monde en 2016, avec 2 400 employés, et huit ans d’ancienneté seulement. Les économies sont soumises à des cycles beaucoup plus courts auxquels les entreprises doivent être préparées et donc leurs employés.

Le digital sur les deux rives 

Pour Christian Gayton, Directeur du pôle digital learning chez Serious Factory, le digital learning doit aussi être mis à disposition des territoires de chaque côté de la Méditerranée mais les budgets n’y sont pas les mêmes. Il faut parvenir à fournir des solutions de qualité équivalente avec des prix-marché très différents, en créant des outils simples de production, comme à l’Institut Ferroviaire de Rabat. Ultra high-tech, il dispose d’un simulateur de conduite de train où même les jeunes cadres de la SNCF vont se former. Ce modèle pourrait être transposé dans d’autres territoires comme l’Algérie.

Gayton a ajouté qu’il est nécessaire d’arriver à des solutions innovantes pour susciter l’adhésion de ces territoires. Enfin, il affirme que ce sont les compétences locales qui doivent accompagner la transformation digitale.