La BEI se mobilise pour aider les pays dans la gestion de la crise des réfugiés


La fuite des réfugiés qui quittent la Syrie en guerre engendre des répercussions humaines et économiques fortes dans les pays limitrophes, mais aussi en Europe. La Banque Européenne d’Investissement (BEI) apporte son aide aux pays concernés. Son Président, Werner Hoyer, plaide pour une réponse ambitieuse, à la hauteur des enjeux.

BEIUn million de migrants est arrivé en Europe en 2015. La plupart d’entre eux ont traversé la Méditerranée au péril de leur vie. Le nombre de personnes déplacées est désormais aussi élevé qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il est illusoire de penser que la fermeture des frontières résoudra cette crise appelée à durer. Les pays sont désormais confrontés à leurs responsabilités.

Dès le mois de septembre, le Président de la BEI a pris position vis-à-vis des Etats-membres, soulignant à quel point son institution était prête à appuyer résolument les efforts de la communauté internationale. Au-delà du soutien apporté aux Etats-membres, la BEI est également prête à aider les pays de transit tels que le Liban, la Jordanie ou la Turquie, comme l’a affirmé Werner Hoyer, le 4 février 2016, lors de la conférence internationale de Londres sur le soutien à la Syrie et à sa région.

« Notre réponse se doit d'être ambitieuse. Elle doit également être le fruit de la concertation de tous les partenaires. La BEI est prête. Ses trois décennies d'expérience en Méditerranée lui donnent une position privilégiée pour soutenir les efforts déployés par l'Europe et par la communauté internationale dans son ensemble afin d'apporter une réponse à cette crise urgente et grave. C'est pour cette raison aujourd'hui, qu'en tant que plus gr ande institution financière internationale active dans la région, nous avons annoncé notre volonté de travailler en étroite collaboration avec nos partenaires pour accroître davantage nos activités déjà substantielles. À la lumière de l'urgence de la situation et de son importance pour l'Union européenne (UE), la BEI – en tant que banque de l'UE – peut intensifier ses efforts sur les cinq prochaines années en Turquie et dans les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, pour autant que les conditions nécessaires soient réunies ».

Des moyens supplémentaires pour faire encore plus
Au cours des cinq prochaines années, la BEI prévoit de prêter plus de 15 milliards d'euros dans les dix pays partenaires méditerranéens et en Turquie. Un montant de 3 milliards d’euros supplémentaires pourrait être mis à disposition, en partenariat avec des bailleurs de fonds internationaux, en combinant le savoir-faire de la BEI, sa capacité à mobiliser des ressources financières et à les combiner avec des aides non remboursables venant de ses Etats-membres ou de l’Union européenne. En fonction de la disponibilité de ressources supplémentaires et sur la base de m andats élargis, la BEI pourrait encore faire beaucoup plus. Le président Werner Hoyer a poursuivi : « Je voudrais faire une proposition encore plus ambitieuse à nos actionnaires, les États-membres de l'UE : accroître nos activités en Turquie et dans la région MENA de 5 milliards d'euros supplémentaires d'ici à 2020. Cela signifierait que le montant supplémentaire total sur les cinq prochaines années pourrait atteindre 8 milliards d’euros. »

Renforcer la résistance économique et stimuler les possibilités d'emploi dans les différents pays constitueront les principaux défis économiques auxquels sera confrontée la région. Les efforts de la BEI se concentrent donc principalement sur le soutien au secteur privé dans ces pays (PME, gr andes entreprises, microfinance) et sur le soutien à l'enseignement et à l'amélioration des services de base et des infrastructures essentielles.

Focus
La BEI, dont les actionnaires sont les États membres de l’UE, est l'institution de financement de l'UE. Elle met à disposition des financements à long terme pour des investissements de qualité qui contribuent à la réalisation des objectifs de l'UE.

Dans la région au sens large affectée par le conflit syrien, les signatures de prêts de la BEI en 2015 dans les pays non membres de l'UE (Turquie, Jordanie, Égypte, Israël, Maroc, Tunisie, Serbie, Monténégro et Kosovo) se sont élevées à 4 milliards d'euros. Ce montant correspond approximativement à la moitié des prêts de la BEI en dehors de l'UE.

Encadré :
Des projets tout autour des frontières de la Syrie
L'intervention de la BEI au Moyen-Orient vise à instaurer la stabilité qui incitera les réfugiés à rester dans leur région. Elle apporte ainsi son aide à des projets très concrets :

- Elle instruit actuellement une dem ande de prêt pour la réalisation d'un nouvel hôpital de 1 875 lits à Gaziantep, près de la frontière turco-syrienne. L'hôpital recevra la population locale, mais il devrait également proposer des services de santé aux réfugiés syriens, dont la présence exerce des pressions sur le système de soins de santé de la région.

- Elle soutient ITWorx, la plateforme d'apprentissage en ligne de la société, Winjigo, qui pourrait être étendue à l'ensemble des enfants syriens réfugiés au Liban dans un délai de trois mois.

- Elle possède des participations dans deux autres fonds d’investissements EuroMena axés sur le bassin méditerranéen. Son engagement gr andissant dans la région se reflète dans l'accroissement de ses investissements en fonds propres, qui sont passés de 13 millions d'euros en 2008 à 20 millions d'euros en 2013.