Marseille, locomotive de la coopération décentralisée ?


assia-bensalah-alaouiQu and on me dem ande quelle place tiennent Marseille et sa région en Méditerranée, je réponds que leurs nombreux atouts les prédisposent à jouer un rôle clef, comme modèle pour la coopération décentralisée,  voire même comme  locomotive.

Cette mosaïque joyeuse des différences qui dialoguent de sa diversité culturelle, cette formidable mobilisation des acteurs publics, privés et de la société civile pour la réappropriation des lieux, de l’histoire, avec cette capacité de se projeter dans l’avenir et dans l’espace, naturellement méditerranéen, ont à l’évidence conforté l’identité et l’ouverture.

Le contexte offre à la ville phocéenne et à sa région l’opportunité de briguer un tel rôle. Accaparée par de multiples crises, en panne de vision stratégique et obligée de jouer les pompiers, l’UE semble avoir oublié son rendez-vous avec l’histoire en Méditerranée ! Et la gr ande rivale, Barcelone, est, pour l’heure, absorbée par le statut de la Catalogne…

Au-delà du supplément d’âme qu’elle nous confère à tous, la Méditerranée se vit dans la douleur. La montée de tous les extrémismes sur les deux rives vient les écarter un peu plus, ne leur laissant souvent que la communauté des périls. Comment les rapprocher ?

En dépit des conflits dévastateurs, des instabilités politiques, des drames et tragédies au quotidien pour certaines populations du bassin Méditerranéen, l’espoir est bien là. De nombreuses enquêtes montrent clairement, que malgré des attitudes régressives ici et là, les jeunes et les femmes  en particulier, font montre d’un dynamisme et d’une ouverture étonnants pour bâtir un avenir digne pour les sociétés arabes.

Marseille et sa région se doivent de saisir l’occasion de soutenir, consolider, accompagner cet espoir.

Pour ce faire, la cité phocéenne devra, tout d’abord triompher de ses propres démons, par des réponses appropriées aux  nuisances épisodiques qui ternissent son image. À l'évidence, ses élites doivent faire bloc pour relever les immenses défis.

La ville et ses territoires privilégient naturellement des approches  différenciées, des stratégies adaptées souhaitées par les pays et régions du bassin méditerranéen. A mettre en œuvre,  dans un esprit d’égalité absolue, de partage et en toute solidarité.

Elles ne pourront, cependant poursuivre seules une telle ambition. Elles devront déployer tous leurs talents, pour convaincre la France de réinscrire la Méditerranée en haut de son agenda.

Assia Bensalah Alaoui

Ambassadeur itinérant de SM Mohamed VI,  Roi du Maroc

Co-Présidente OCEMO